Il est notoire que Bergson s'est trompé quant à son interprétation de la relativité restreinte (dans « durée et simultanéité »). En effet Bergson n'accepte pas qu'il puisse exister une multiplicité de durées vécues. Pour lui le temps mesuré du physicien est simplement un artefact de calcul, mais il faut réintégrer l'ensemble dans un temps vécu universel qui est le seul véritable temps, et qui est le même pour tous. Enfin, il pense que le vieillissement est qualitatif, est en tant que tel appartient à ce temps vécu. La conclusion du paradoxe des jumeaux serait donc fausse.
Il faut bien voir que la compréhension qu'a Bergson de la relativité n'est pas si naïve, et de fait, il est parfaitement possible de réintroduire un temps absolu en relativité restreinte (simplement en fixant un référentiel privilégié). C'est d'ailleurs exactement ce qui se produit quand on passe à la relativité général : un temps cosmologique unique émerge (celui qui nous permet de parler de l'age de l'univers) et avec lui une simultanéité bien définie. Là où Bergson se trompe, c'est quand il refuse d'admettre qu'il puisse exister localement des différences dans la mesure du temps qui soient plus que des simple artefacts de calcul (ce qu'on vérifie expérimentalement avec des horloges placées en orbite). Sauf à imaginer que le temps vécu ne soit pas solidaire du temps physique, ce que Bergson lui-même n'est pas près à admettre, il faut bien accepter que cette multiplicité du temps s'étend également à la durée, au sens de Bergson.
Personnellement je ne vois pas dans cette multiplicité un problème fondamental pour la philosophie du temps de Bergson, bien au contraire, puisque le vécu est privé. Il ne faudrait donc pas y voir prétexte pour rejeter cette philosophie dans son ensemble. Je pense qu'elle reste valide et très éclairante dans les débats contemporains, et à vrai dire, Bergson aurait peut-être été plus chanceux s'il s'était plutôt attaqué à la physique quantique...
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Il faut bien voir que la compréhension qu'a Bergson de la relativité n'est pas si naïve, et de fait, il est parfaitement possible de réintroduire un temps absolu en relativité restreinte (simplement en fixant un référentiel privilégié). C'est d'ailleurs exactement ce qui se produit quand on passe à la relativité général : un temps cosmologique unique émerge (celui qui nous permet de parler de l'age de l'univers) et avec lui une simultanéité bien définie. Là où Bergson se trompe, c'est quand il refuse d'admettre qu'il puisse exister localement des différences dans la mesure du temps qui soient plus que des simple artefacts de calcul (ce qu'on vérifie expérimentalement avec des horloges placées en orbite). Sauf à imaginer que le temps vécu ne soit pas solidaire du temps physique, ce que Bergson lui-même n'est pas près à admettre, il faut bien accepter que cette multiplicité du temps s'étend également à la durée, au sens de Bergson.
Personnellement je ne vois pas dans cette multiplicité un problème fondamental pour la philosophie du temps de Bergson, bien au contraire, puisque le vécu est privé. Il ne faudrait donc pas y voir prétexte pour rejeter cette philosophie dans son ensemble. Je pense qu'elle reste valide et très éclairante dans les débats contemporains, et à vrai dire, Bergson aurait peut-être été plus chanceux s'il s'était plutôt attaqué à la physique quantique...
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